Frasnes, en 1017 « Fraxinetum ad Buxeriam » et en
1122 « Fraine », est un des multiples noms de lieu
formés d'un nom de plante : il dérive du latin «
fraxinus » qui veut dire « frêne » . Cette
commune de l'arrondissement de Ath dépendait, dès
le Xlle siècle, de l'abbaye de Saint-Amand. Son importance
était grande à cette époque; une corporation
de drapiers y avait son siège qui subsista jusqu'à
la fin du XVIlle siècle.
La seigneurie principale de Frasnes relevait de la baronnie d'Antoing
et elle appartenait, au XII' siècle, à une famille
qui en portait le nom et dont les armes parlantes - d'or à
un frêne de sinople - justifiaient, s'il en était
besoin, l'étymologie de ce nom. La seigneurie principale
de Frasnes fut divisée en deux parties à une époque
indéterminée. La première partie était
la propriété des seigneurs de Leuze. En 1439, elle
appartenait à Jacques de La Hamaide, membre d'un lignage
de très ancienne noblesse qui possédait, dès
le XIIIe siècle, de nombreux domaines dont, notamment,
la pairie de Ressaix.
Selon Gelré,
le sire de La Hamaide, homme du « duc » de Hainaut,
portait un écu d'or à trois hamaides de gueules.
On ne sait trop si les seigneurs de La Hamaide ont donné
leur nom à leur armes ou si ce sont celles-ci qui leur
ont donné le leur : il est, en effet, possible d'imaginer
que le guerrier qui ornait son bouclier des trois fasces alésées
que l'on appelle « hamaide » était désigné
sous le vocable descriptif de chevalier à la hamaide
pour devenir ensuite le sire de La Hamaide.
Cette hypothèse
n'est en tous cas pas controuvée par l'étymologie
de « hamaide » qui désigne une barrière
et qui convient aussi bien à l'emblème héraldique
qu'à la terre de Lahamaide.
La deuxième fraction de Frasnes, appelée «
du Chasteler » était tenue en 1410 par la famille
de Cuinghien qui possédait aussi la seigneurie des Mottes,
sise dans la même localité, ainsi d'ailleurs que
plusieurs autres seigneuries particulières, telles que
les terres de Le Val, d'Hergies, d'Ogimont et du Soulchoit.
Ces différents fiefs avaient tous leur mayeur et empruntaient,
généralement, les échevins de l'un ou l'autre
des seigneurs principaux.
L'emblème
des Cuinghien était un écu d'argent à quatre
chevrons de gueules. A partir de 1505, on trouve Jehan de Marchenelles
qui devint seigneur de Frasnes et des Mottes par son mariage
avec Agnès de Cuinghien. Dans un acte de 1559, noble
homme Jacques de Marchenelles est cité comme seigneur
de Frasnes-lez-Buissenal. Ses armoiries étaient d'argent
au sautoir de gueules.
Agnès,
fille d'Antoine de Marchenelles et de Françoise de Loyaucourt,
dame de Buissenal, apporta en dot la terre de Frasnes à
Arnould Il de Saint-Genois qu'elle épousa en 1572. La
maison de Saint-Genois faisait partie de la noblesse ancienne
du Hainaut. Il semble qu'elle ait adopté le nom d'une
terre, sise dans le Courtraisis, qu'elle possédait depuis
le XIlle siècle et dont l'église avait deux patrons
: saint Genois (ou Genesius) et saint Denis (Dionysius). L'actuelle
commune de Saint-Genois s'appelle Sint-Deniis en flamand.
«
Monseigneur Jehan de Saint-Genois, ridder », époux
de Maigne de Thiebegot, vivait en 1280. Son fils Jean II, qui
épousa Colombe du Maretz, veuve de Jean d'Avesnes, mourut
en 1363. Puis vinrent Jean III, Jean IV et Simon qui, en 1464,
fut élevé par l'empereur Frédéric
IV à la dignité de baron du Saint-Empire.
Arnould
de Saint-Genois, seigneur de Frasnes, Buissenal, des Mottes
et autres lieux, eut pour héritier, en 1572, son fils
Nicolas qui fut grand prévôt de Valenciennes et
épousa Marie, marquise de Saluce-Bernemicourt.
François,
fils de Nicolas et mari de Catherinet Kint de Roodenbeke, mourut
en 1648 laissant plusieurs fils dont l'aîné Nicolas-François
hérita de ses terres et du titre de comte de Saint-Genois,
Grand-Breucq et Escanaffles qui avait été concédé,
en 1655, à son oncle Charles-François, mort sans
hoirs.
Les Saint-Genois
conservèrent la terre de Frasnes jusqu'à la fin
de l'ancien régime Citons-les, par ordre chronologique
- le comte Nicolas-François, son demi-frère, Claude
Nicolas qui fut la souche de la branche des seigneurs des Mottes,
Charles-Thomas, fils du précédent, et son fils
Bernard-Joseph, qui naquit en 1749 et fut le dernier seigneur
féodal de Frasnes (*)
Le 1er janvier 1977, Frasnes-lez-Buissenal est devenu
le centre d'une entité, la Commune de Frasnes-lez-Anvaing,
constituée de 13 villages (Anvaing, Arc-Wattripont, Buissenal,
Cordes, Dergneau, Forest, Frasnes-lez-Buissenal, Hacquegnies,
Herquegies, Montroeul-au-Bois, Moustier, Oeudeghien et Saint-Sauveur).
L'arrêté
royal du 29 mars 1961 a concédé à la commune
de Frasnes-lez-Buissenal - en l'absence d'anciens sceaux
scabinaux - les armoiries des derniers seigneurs locaux, c'est-à-dire
l'emblème des Saint-Genois qui est de gueules au sautoir
d'azur, bordé d'argent chargé de cinq quintefeuilles
du même, l'écu sommé d'une couronne à
treize perles, dont trois relevées et tenu par deux griffons
d'or, lampasses de gueules(*).
©
F-L-A
* Histoire d'un bourg rural : Frasnes-lez-Buissenal - Willy
DELHAYE
Tous
les textes et images ci-dessus sont extraits
du site de l'Administration Communale de Frasnes-lez-Anvaing.