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Histoire de Frasne

XAVIER MARMIER
(1808-1892)

Xavier Marmier

La famille Marmier est une des plus anciennes familles de Frasne. La première mention du patronyme Marmier dans les archives de Frasne remonte en effet au 2 novembre 1509 : " les héritiers de feu Estevenin Marmier " (ADD. 11 J 1). Dans un partage daté du 20 décembre 1535, un clos est appelé " le cloz Marmier " (ADD. B 3041). Le rentier de la seigneurie de La Rivière (1539) renferme également ce nom de famille. Lors de la Guerre de Dix Ans, une famille Marmier est partie à Rome en Italie : une lettre de vente du 14 janvier 1682 cite " Nicolas Marmier, dudit Frasne, demeurant à Rome " (ADD. E (familles) 2797).

Jean-François-Xavier, le père de Xavier, est né le 7 mars 1778 à Frasne ; il exerça le métier d'agriculteur dans ce village mais fut aussi soldat dans les armées de la République, secrétaire au commandement de la place de Besançon, clerc de procureur à Pontarlier pendant trois ans, surnuméraire et enfin receveur des douanes dans cette dernière ville.

À Pontarlier, il avait fait la connaissance de Marie Gabrielle Honorine Maillot, née le 10 avril 1781. Celle-ci, qui était la fille du procureur du Roi à Pontarlier, descendait d'une illustre famille franc-comtoise, les Maillot, de Vuillafans, anoblie au début du XVIe siècle par Charles-Quint. Ils se marièrent le 30 novembre 1803 et eurent six enfants : Maria (née en 1803, peu après le mariage de ses parents), Xavier (né en 1808), Hyacinthe (né en 1812 à Nods), Louis (né en 1815), Léocadie (née en 1817 à Dambelin) et Joseph (né en 1820 à Blancheroche).

Xavier Marmier est né le 22 juin 1808 à Pontarlier, au n° 30 de la Grande Rue. Ses parents l'envoient étudier au petit séminaire de Nozeroy (Jura), où il reste moins de deux ans, puis, comme externe, au petit collège de Cerneux-Monnot, près du Russey, ensuite au petit séminaire de Belvoir et enfin à celui d'Ornans. Âgé à peine de 20 ans, sans idée précise de la carrière qu'il veut embrasser, il part à Besançon où il obtient un poste à la Bibliothèque Municipale. Quelques mois plus tard, il quitte la capitale comtoise pour se rendre à Paris. Ayant trouvé un poste de secrétaire grâce à Charles Nodier et à Alfred de Vigny, il commence à écrire et publie son premier livre, " Esquisses poétiques ", en 1830. Vers le début de 1831, il revient en Franche-Comté : il est rédacteur d'un nouveau journal à Vesoul puis occupe la même fonction à L'Impartial, un journal bisontin. Au bout de quelques mois, il démissionne et commence alors à voyager.

Le premier séjour de Xavier Marmier à l'étranger a lieu en 1831 en Allemagne, à Leipzig précisément. Xavier Marmier apprend l'allemand, écrit des articles pour différentes revues (Revue germanique, Revue des Deux Mondes, Revue de Paris), il rédige pratiquement seul la plus grande partie des numéros de la Nouvelle Revue germanique, il traduit des auteurs allemands (Schiller) et publie aussi des livres de critique littéraire (" Étude sur Goethe ").

En 1835, Xavier Marmier part avec la corvette " La Recherche " en Islande pour étudier la langue et la littérature de ce pays. Là, il retrouve " les tourbières marécageuses comme celles de Frasne et de Bonnevaux " (Discours à l'Académie de Besançon en janvier 1842). Il apprend le danois puis l'islandais. En 1837 paraissent ses " Lettres sur l'Islande " tandis qu'en 1838 il publie " Langue et littérature islandaises " et " Histoire de l'Islande depuis sa découverte jusqu'à nos jours ". Toujours à bord de " La Recherche ", il participe à de nouvelles expéditions, dont il est le rapporteur officiel, et visite le Danemark (îles Féroé), la Suède, la Norvège, la Laponie et le Spitzberg.

Au début de l'année 1839, Xavier Marmier est nommé professeur de littérature étrangère à la Faculté des Lettres de Rennes mais, comme un congé sans solde de quelques mois lui est refusé pour pouvoir partir à nouveau avec " La Recherche ", il démissionne et part explorer les parages du Pôle Nord. Lorsqu'il revient à Paris, le gouvernement le nomme bibliothécaire au ministère de l'Instruction publique (de 1840 à 1846).

Sa passion des voyages le reprend : il visite la Hollande et se rend également en Finlande, en Russie et en Pologne. Mais il revient aussi régulièrement dans sa Franche-Comté natale pour visiter sa famille et ses amis. Le 8 mai 1843, il épouse Françoise Eugénie Pourchet à Pontarlier mais son bonheur est de courte durée. L'année suivante, après un accouchement difficile, sa femme meurt à Paris avec son enfant.

L'année 1845 voit la parution du livre " Nouveaux souvenirs de voyage : Franche-Comté ", qui sera réédité en 1884 sous le titre " En Franche-Comté, histoires et paysages ". Toujours en 1845, il part en Égypte en passant par le Tyrol, la Hongrie, la Serbie, la Valachie, la Bulgarie, la Turquie, la Syrie et la Palestine. Après ce voyage en Orient, il visite l'Algérie en 1846, année au cours de laquelle il devient conservateur de la bibliothèque Sainte-Geneviève de Paris. En 1847, il retourne en Russie.

Le 9 septembre 1848, il part en Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada), il se rend aussi à La Havane (Cuba), puis en Argentine et en Uruguay, avant de regagner la France en août 1850. En 1852, il entreprend un voyage au Monténégro en passant par l'Allemagne, la Suisse et l'Italie.

De ses nombreux voyages, Xavier Marmier rapportait des écrits sur l'histoire, la géographie, la littérature ou encore les traditions de peuples peu connus mais surtout il notait au jour le jour ses impressions sur les pays visités afin d'agrémenter des récits destinés à instruire. En 1859 et en 1861, deux de ses romans, " Les Fiancés du Spitzberg " et " Gazida ", sont couronnés par l'Académie française. Ses travaux sur les littératures étrangères et ses récits lui valent d'être élu à l'Académie française le 19 mai 1870. Il participe régulièrement aux séances de l'Académie.

La personnalité de Xavier Marmier est pleine de contradictions. Autant le voyageur est charmant et sociable, autant l'homme est doctrinaire et sectaire. Catholique intégriste et royaliste convaincu, Xavier Marmier est viscéralement anti-républicain. En 1876, poussé par les principaux chefs conservateurs de l'arrondissement de Pontarlier, le légitimiste Xavier Marmier, se présente aux élections législatives dans cet arrondissement. Sa candidature est soutenue par le Courrier de la Montagne, journal conservateur, tandis que le Journal de Pontarlier, acquis aux idées de gauche, la combat. Deux autres candidats se présentent : Gustave Colin (" Union républicaine du Doubs "), proche du Centre gauche, et Marulaz, un ancien sous-préfet, bonapartiste. Peu attiré par les joutes électorales, Xavier Marmier reste à Paris et ne fait pas campagne. Avec 4 666 suffrages, il est battu au premier tour par Colin (5 938 voix) tandis que Marulaz totalise 561 voix.

Après la dissolution de la Chambre des députés le 22 juin 1877 par le président de la République Mac-Mahon, de nouvelles élections législatives ont lieu en octobre 1877. Dans l'arrondissement de Pontarlier, Gustave Colin retrouve Xavier Marmier, qui est le seul candidat conservateur. Ayant tiré la leçon de son échec et toujours poussé par ses amis, Xavier Marmier se décide à quitter Paris pour faire une vraie campagne électorale sur le terrain, même si, à ce sujet, il écrit : " Quelle corvée ! Peu à peu cependant je m'habitue à ce vilain labeur ". La participation au scrutin est élevée (88,5 %) mais, une nouvelle fois, Xavier Marmier (5 435 voix) est devancé par Gustave Colin (6 696 voix). De ce revers, il se console aisément car ainsi il peut continuer à vivre au milieu des livres qu'il a achetés au cours de ses voyages ou qu'il déniche chez les bouquinistes parisiens.

Le 11 octobre 1892, Xavier Marmier meurt à Paris. Toute la presse rend hommage à ce grand écrivain à la curiosité insatiable et dont les œuvres sont très variées (histoires, lettres, essais, romans, traductions de pièces de théâtre et de contes, poésies, récits de voyages). La cérémonie religieuse a lieu à l'église Saint-Thomas d'Aquin, à Paris, puis sa dépouille est ramenée au cimetière de Pontarlier. Deux dispositions de son testament méritent d'être signalées. En effet il légua à la ville de Pontarlier sa bibliothèque composée d'environ 6 000 ouvrages ; ce don fut accepté par le Conseil municipal de Pontarlier par une délibération en date du 19 octobre 1892 et, aujourd'hui, cette bibliothèque occupe une des salles du Musée de Pontarlier. Quant à la seconde disposition, elle concerne une somme de mille francs destinée aux bouquinistes parisiens : " Je désire que cette somme soit employée par ces bons et honnêtes commerçants, qui sont au nombre de cinquante environ, à se payer un dîner et à passer une heure pleine d'entrain en pensant à moi. Ce sera mon remerciement pour les nombreuses heures que j'ai vécues intellectuellement dans mes promenades presque quotidiennes sur les quais, allant du Pont-Royal au pont Saint-Michel ".

Xavier Marmier chez les bouquinistes
Extrait de l'ouvrage d'Octave Uzanne
" Bouquineurs et bouquinistes : Physiologie des quais de Paris "
(1893)

 

Le nom de Xavier Marmier a été donné au groupe scolaire de Frasne (inauguré en 1954), au lycée de Pontarlier (Doubs), ainsi qu'à une rue de cette ville. Une rue de Besançon porte également le nom de l'académicien pontissalien. Un pic dominant la "Baie de la Recherche" fut baptisé la "Pointe Marmier" par le grand explorateur suédois Adolf Erik Nordenskiöld (1832-1901).


Bibliographie :

  • Aymonier, Camille. - Xavier Marmier : Sa vie, son œuvre. - Besançon : Séquania, 1928
  • Estignard, A. - Xavier Marmier : Sa vie & ses œuvres. - Paris : Champion, 1893
  • Mairry, Louis. - Le département du Doubs sous la IIIe République. - Besançon : Cêtre, 1992
  • Mercer, Wendy S. - Xavier Marmier : 1808-1892. - Pontarlier : Les Amis du Musée, 1992
  • Roux, Roger. - Xavier Marmier bibliophile. - Besançon : Jacquin, 1910

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