| LA GUERRE 
                DE DIX ANSEN FRANCHE-COMTÉ
 (1635-1644)
   SITUATION 
                    DE LA FRANCHE-COMTÉ AU XVIe SIÈCLEAu 
                    XVIe siècle, pendant le règne de Charles-Quint, la Franche-Comté 
                    était tranquille et prospère. Son statut un peu spécial la mettait 
                    à l'abri des démêlés entre, d'une part, la France, et, d'autre 
                    part, l'Espagne et l'Autriche, à cause des traités de neutralité 
                    garantis par les cantons suisses. Après l'abdication de Charles-Quint, 
                    Philippe II devient roi d'Espagne et comte de Bourgogne. Il 
                    doit lutter contre le protestantisme qui envahit la Franche-Comté 
                    grâce à la proximité de la Suisse et du comté de Montbéliard. 
                    Le parlement de Dole, fortement appuyé par Philippe II, aide 
                    au succès de la cause catholique et évite ainsi à la Franche-Comté 
                    de connaître les troubles des guerres de religion, comme ce 
                    fut le cas en Allemagne pendant plus de trente ans. Malheureusement 
                    un autre danger menace la Franche-Comté. Le 17 janvier 1595, 
                    le roi de France Henri IV déclare la guerre à l'Espagne. Après 
                    la victoire des Français sur les Espagnols à Fontaine-Française 
                    dans le duché de Bourgogne, Henri IV envahit en personne, au 
                    mois de juin 1595, la province espagnole de Franche-Comté sans 
                    se soucier de sa neutralité. De Baume-les-Dames à Lons-le-Saunier, 
                    plusieurs villes sont maltraitées et contraintes de payer des 
                    sommes considérables sous peine d'être dévastées. Craignant 
                    que les Suisses, chargés de faire respecter la neutralité, interviennent, 
                    Henri IV quitte précipitamment Lons-le-Saunier non sans avoir 
                    brûlé ses deux faubourgs. La 
                    paix de Vervins signée en 1598 rend à la France et à l'Espagne 
                    leurs conquêtes mutuelles. Cette même année meurt Philippe II 
                    qui laisse les Pays-Bas et la Franche-Comté à sa fille aînée, 
                    l'infante Isabelle Claire Eugénie mariée avec l'archiduc Albert 
                    d'Autriche.   LA 
                    GUERRE DE DIX ANS (1635-1644) 
                      En 
                    1611, Isabelle Claire fait renouveler le pacte de neutralité 
                    qui avait été convenu en 1522 entre la France et la Franche-Comté 
                    par Marguerite d'Autriche. D'après le pacte, la neutralité devait 
                    être observée jusqu'en 1640. Ce fut loin d'être le cas. Sous 
                    le gouvernement de l'Archiduc Albert d'Autriche et d'Isabelle 
                    Claire, la Franche-Comté vit dans la paix. En 1621 meurt l'archiduc 
                    Albert tandis que son neveu Philippe IV accède au trône d'Espagne. 
                    Quatorze ans plus tard, Isabelle Claire meurt à son tour sans 
                    postérité et laisse la Franche-Comté à Philippe IV. Entre-temps, 
                    en janvier 1629, Richelieu avait écrit à Louis XIII : " On pourrait 
                    penser à la Navarre et à la Franche-Comté comme nous appartenans, 
                    estans contiguës à la France et faciles à conquérir toutes fois 
                    et quantes que nous n'aurons autre chose à faire ". Dans le 
                    dessein d'arrêter l'agrandissement de la maison d'Autriche, 
                    Louis XIII, conseillé par Richelieu, s'était allié à la Ligue 
                    Protestante qui comprenait les princes d'Allemagne et le roi 
                    de Suède Gustave Adolphe. Face à eux, la Ligue Catholique était 
                    composée de l'empereur germanique Ferdinand II, du roi de Hongrie, 
                    du roi d'Espagne Philippe IV et du duc Charles IV de Lorraine. 
                    Or Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII et en rébellion contre 
                    lui, avait des liaisons avec Charles IV de Lorraine et Philippe 
                    IV. Prétextant 
                    que Besançon avait accueilli Gaston d'Orléans, Louis XIII rompt 
                    le traité de neutralité malgré l'opposition du Parlement de 
                    Dole et, le 27 mai 1635, il déclare la guerre. Richelieu concentre 
                    à Auxonne une armée de plus de 25 000 hommes dont il confie 
                    le commandement au Prince de Condé. Le 29 mai 1636, le Prince 
                    de Condé se présente devant Dole, capitale de la Province. Condé 
                    pensait qu'après la chute de Dole, siège du gouvernement, la 
                    conquête de la Franche-Comté serait plus facile. Mais après 
                    un siège de trois mois et devant l'arrivée de 13 000 Impériaux 
                    (ou soldats de l'empereur d'Autriche), Condé est obligé de lever 
                    le siège pour aller défendre Corbie en Picardie. En 
                    1637 la guerre est toujours présente en Franche-Comté. Trois 
                    armées envahissent simultanément cette province : le duc Bernard 
                    de Saxe-Weimar par la Saône, le marquis de Grancey par Montbéliard 
                    et le duc de Longueville par la Bresse. Le 29 mars 1637 le duc 
                    de Longueville assiège Saint-Amour, petite ville située dans 
                    le bailliage d'Aval (1). Après un siège d'une semaine où les 
                    assiégés font preuve d'un grand courage, Saint-Amour tombe aux 
                    mains des Français. Plusieurs villages sont également pris par 
                    le duc de Longueville. La tactique des Français est simple : 
                    elle consiste à prendre les petites localités pour ne pas avoir 
                    à attaquer les grands centres de résistance. Le duc de Saxe-Weimar, 
                    au service des Français, en fait tout autant : il pille, rançonne 
                    et dévaste tout sur son passage. Ainsi dans le Bailliage d'Amont, 
                    il s'empare, entre autres, de Jonvelle et de Jussey, il fait 
                    brûler Pierrecourt et tuer tous ses habitants. Il se rend maître 
                    de nombreuses forteresses près de la Saône. Charles IV, le duc 
                    de Lorraine, qui se voit confier le gouvernement de la Franche-Comté 
                    par le roi d'Espagne Philippe IV, reste à Besançon tandis que 
                    ses soldats ont la charge de défendre le Bailliage d'Amont. 
                    Mais les soldats, indisciplinés, se comportent comme leurs ennemis, 
                    les Français, c'est-à-dire en vrais pillards. Le bailliage d'Amont 
                    est ainsi dévasté, saccagé et affaibli aussi bien par ses ennemis, 
                    les Français, que par ses alliés, les Lorrains. En 
                    1638, alors que la peste poursuit ses ravages commencés en 1636 
                    lors du siège de Dole et que la guerre continue, un autre fléau 
                    fait son apparition en Franche-Comté : la famine. Voici ce qu'en 
                    dit Girardot de Nozeroy dans son " Histoire de Dix ans 
                    de la Franche Comté de Bourgogne " :  " 
                    Les livres sacrez racontent avec larmes les tristes afflictions 
                    du peuple Juif : Joseph narre la famine qui fut à Jérusalem 
                    durant son siège où les meres mangerent leurs propres enfans 
                    : le siege de Paris soub Henri IV a quelque chose d'approchant, 
                    mais (sans rien encherir) la famine de nostre Bourgougne en 
                    cette année 1638 a passé par dessus tout cela incomparablement. 
                    La postérité ne le croira pas, les riches qui possedoient force 
                    chevances et avoient eu au commencement des espargnes, estoient 
                    espuisez, les pauvres paysans estoient retirez dans les villes 
                    sans labeur ny employ, le bled (blé) rare partout se vendoit 
                    à prix desmesuré : on vivoit des herbes des jardins et de celles 
                    des champs : les charognes des bestes mortes estoient recherchées 
                    aux voiries, mais cette table ne demeura pas long temps mise 
                    : on tenoit les portes des villes fermées pour ne se veoir accablez 
                    du nombre des gens affamez qui s'y venoient rendre, et hors 
                    des portes les chemins demie lieüe loing estoient pavez de gens 
                    haves et deffaictz, la plus part estenduz de foiblesse et se 
                    mourant : dans les villes les chiens et les chats estoient morceaux 
                    délicats, puis les rats estans en regne furent de requise, j'ay 
                    veu moy-mesme des gens bien couverts relever par les rües des 
                    rats morts jettez par les fenestres des maisons et les cacher 
                    pour les manger. En fin on vint à la chair humaine, premièrement 
                    dans l'armée où les soldats estans occis servoient de pasture 
                    aux autres qui couppoient les parties plus charnues des corps 
                    morts pour bouillir ou rostir, et hors du camp faisoient picorée 
                    de chair humaine pour manger : on descouvrit dans les villages 
                    des meurtres d'enfans faicts par leurs meres pour se garder 
                    de mourir et des freres par leurs freres, et la face des villes 
                    estoit partout la face de la mort ".  Fuyant 
                    la faim, de nombreux Comtois, dont des habitants de Frasne,émigrèrent 
                    en Savoie, en Suisse et même en Italie, à Milan et à Rome. Après 
                    avoir pris le duché de Bourgogne, l'Alsace et le Comté de Montbéliard, 
                    la France voulait pour frontière les montagnes du Jura. Aussi 
                    Richelieu donne-t-il l'ordre à Bernard de Saxe-Weimar "d'envahir, 
                    de conquérir au nom de la France"   toute la Franche-Comté 
                    limitrophe de la Suisse, c'est-à-dire la région montagneuse 
                    beaucoup moins éprouvée par la famine que le plat pays. Mais 
                    qui est-il donc, ce Bernard de Saxe-Weimar ? Après la mort du 
                    roi de Suède Gustave II Adolphe en 1632, Bernard, duc de Saxe-Weimar, 
                    avait pris le commandement de l'armée suédoise. Par un traité 
                    conclu en 1635 avec la France, il devait entretenir 18 000 hommes 
                    au service de cette nation. Plus connus sous le nom de Suédois, 
                    ces soldats, qui avaient été pour la plupart recrutés en Allemagne, 
                    lui étaient très fidèles. Après avoir passé presque toute l'année 
                    1638 en Alsace, Bernard de Saxe-Weimar s'empare de Brisach le 
                    19 décembre 1638 avec l'aide des troupes françaises du général 
                    de Guébriant. Mais ne pouvant plus faire vivre ses troupes en 
                    Alsace, Bernard de Saxe-Weimar décide de se rapprocher de la 
                    Franche-Comté. C'est sur ces entrefaites que l'ordre de Richelieu 
                    lui parvient, favorisant ainsi ses desseins. Sans hésiter, il 
                    entre en Franche-Comté du côté de Saint-Hyppolite qu'il incendie. 
                    A partir de là, les événements se précipitent. Après 
                    avoir pillé Morteau, Weimar saccage Montbenoit. Le dimanche 
                    16 janvier au matin, quelque vingt éclaireurs de Weimar sont 
                    vus sur les Pareuses, hauteur située à proximité de Pontarlier. 
                    Comme le duc de Lorraine Charles IV se trouve avec son armée 
                    dans le val de Maillot, les bourgeois de Pontarlier délèguent 
                    un des leurs auprès du duc pour obtenir son aide. Le 
                    lundi 17, jour de la Saint Antoine, environ soixante cavaliers 
                    paraissent au même endroit que la veille. Le 
                    mardi 18, deux cents chevaux sont aperçus marchant du côté de 
                    l'abbaye de Montbenoit. Le 
                    mercredi 19, à trois heures de l'après-midi, Bernard de Saxe-Weimar 
                    somme le commandant de Saint-Mauris de lui remettre la Ville 
                    de Pontarlier, faute de quoi il saurait ce qu'il aurait à faire. 
                    Le commandant de Saint-Mauris lui répond que sa Majesté catholique 
                    lui ayant confié cette place pour y faire bonne garde et en 
                    rendre compte, il sait aussi ce qu'il a à faire. Le 
                    jeudi 20, les troupes suédoises et françaises s'emparent des 
                    deux faubourgs de Pontarlier et commencent en vain l'assaut 
                    des remparts de la ville. Le 
                    vendredi 21, les assiégeants tentent par quatre fois d'escalader 
                    les remparts. Bien que le Doubs soit gelé et leur permette de 
                    dresser des échelles, ils échouent. Le 
                    samedi 22, aucune attaque n'a lieu et des deux côtés on se prépare 
                    pour les nouvelles attaques. Le 
                    dimanche 23, les Suédois mettent le feu au faubourg Saint-Etienne 
                    en espérant que le vent porterait le feu dans la ville dont 
                    les maisons sont couvertes en bois. Mais un vent contraire vient 
                    ruiner leurs espérances. Seules une maison et la chapelle de 
                    la Croix brûlent. Profitant alors du désordre causé par cet 
                    incendie, les Suédois et les Français essaient d'entreprendre 
                    une nouvelle escalade mais ils sont repoussés. Le 
                    lundi 24, les munitions de guerre et l'eau commencent à manquer. 
                    Les bourgeois de Pontarlier, qui redoutent qu'une canonnade 
                    ne détruise les murailles de la ville et qui n'espèrent plus 
                    aucun secours de la part du duc de Lorraine, décident de sauver 
                    leur ville et leur vie. Ils envoient le docteur Jean Miget auprès 
                    de Weimar afin de fixer les conditions de la capitulation. Vers 
                    10 heures du soir, Miget rentre dans la ville avec les articles 
                    de la capitulation. Celle-ci stipule que la ville ne serait 
                    pas pillée, qu'elle ne serait pas obligée de payer une rançon, 
                    que les bourgeois seraient maintenus dans la possession de leurs 
                    biens et privilèges, qu'il ne devait être fait aucun tort aux 
                    femmes et aux religieuses dans leur honneur, que 300 hommes 
                    seulement devaient entrer dans la ville et enfin que la garnison 
                    en place à Pontarlier pourrait se retirer à Besançon avec armes 
                    et bagages. Le 
                    mardi 25, le duc de Saxe-Weimar ne sort pas de son quartier 
                    et fait publier un édit pour désarmer les bourgeois et recenser 
                    les hommes absents. Escorté par un détachement de 500 chevaux 
                    suédois, le commandant de Saint-Mauris sort de Pontarlier avec 
                    son régiment et se rend à Besançon. Le 
                    mercredi 26, le duc de Saxe-Weimar fait son entrée dans la ville 
                    mais il est bientôt suivi par 3 000 hommes au lieu des 300 prévus 
                    par le huitième article de la capitulation. Le 
                    jeudi 27, après avoir mis le feu au faubourg Saint-Etienne, 
                    un détachement marche du côté de Nozeroy tandis que le duc de 
                    Saxe-Weimar fait entrer à Pontarlier 2 000 hommes en garnison. 
                    Le duc ordonne alors au Maire et aux Échevins de réunir 60 000 
                    écus dans un délai de huit jours pour la rançon de la ville, 
                    à défaut de quoi il n'hésiterait pas à punir sévèrement, même 
                    par la mort. Après la capitulation de Pontarlier, les troupes 
                    de Weimar vont sommer le bourg de La Rivière d'ouvrir ses portes. 
                    Quelques bourgeois résistent mais inutilement. Les bourgeois 
                    de Pontarlier n'ayant pu rassembler que 10 000 écus, Weimar 
                    s'en prend à huit d'entre eux qui sont bâtonnés avec dureté. Le 
                    4 février, le comte de Guébriant prend Nozeroy et y établit 
                    ses quartiers.  Le 
                    14 février, le château de Joux tombe aux mains des Suédois grâce 
                    à la peur ou à la corruption du lieutenant qui le commandait. Le 
                    20 avril, le comte de Guébriant s'empare de Château-Vilain et 
                    le lendemain il assiège le château de La Chaux. Le 
                    16 mai, Weimar, qui prétend se faire roi du Jura, prend la ville 
                    de Saint-Claude. Désespérant de prendre Besançon et Salins, 
                    Weimar fait brûler tous les villages, hameaux ou fermes de Pontarlier 
                    jusqu'à Salins. Le 
                    6 juillet, Pontarlier est la proie des flammes. Plus de 400 
                    personnes périssent dans cet incendie qui ravage la ville en 
                    moins de deux heures. La Rivière subit le même sort. Par ailleurs 
                    durant cette époque sont détruits les villages des Arcenets 
                    près des Alliés, de Cessay près de Frasne, de Goutte-d'Or près 
                    de Vaux et des Bougnons près des Pontets. On raconte aussi quelques 
                    faits singuliers. Ainsi les soldats de Weimar épargnèrent le 
                    village de Bouverans parce qu'un habitant de ce lieu avait consenti 
                    à ferrer leurs chevaux et, depuis, on a appelé la famille de 
                    cet habitant " chez les Maréchaux ". De même Bulle échappa à 
                    l'incendie à cause d'un épais brouillard qui le dissimula aux 
                    yeux de l'envahisseur. Le 
                    8 juillet, après six mois de pillage et de cruautés pendant 
                    lesquels les Suédois se sont enrichis, le duc de Saxe-Weimar 
                    retourne en Alsace. Le 
                    18 juillet 1639, Bernard, duc de Saxe-Weimar, alors âgé de 35 
                    ans, meurt de la peste à Neubourg. Pendant 
                    l'occupation suédoise, les Francs-Comtois ne sont pas restés 
                    inactifs. Le capitaine Claude Prost, dit Lacuzon, chef des partisans 
                    francs-comtois, mène une guerre de guérilla contre l'envahisseur 
                    et pille la Bresse. On dit que ses ennemis priaient en disant: 
                    " Délivrez-nous, Seigneur, de la peste, de la famine et de Lacuzon 
                    ! ". A 
                    l'instar de Lacuzon, le mythique Cart-Broumet, de Mouthe, (dont 
                    l'existence n'a pas été prouvée, même si Petit-Huguenin en a 
                    retracé la vie) mène la vie dure aux Suédois. Surnommé La Plaque 
                    à cause d'une balafre à la joue, cet ancien soldat des armées 
                    espagnoles accomplit de nombreux exploits à Mouthe contre les 
                    Suédois. À la tête d'une troupe de volontaires, Cart-Broumet 
                    harcèle les troupes de Weimar dispersées dans la contrée. Il 
                    acquiert rapidement une solide réputation. Aussi n'hésite-t-on 
                    pas à faire appel à ses services dans la Chaux d'Arlier et du 
                    côté de Nozeroy. A cet effet, sont délégués auprès de Cart-Broumet 
                    les sieurs Marmier, de Frasne, Besson et Gloriod, de La Rivière, 
                    Dore, de Bannans et Javaux, de Sainte-Colombe. Il se bat entre 
                    Sainte-Colombe et La Rivière, près de Chaffois et près de Bief-du-Fourg. 
                    Il participe à la défense de Nozeroy. Tout ce qu'il entreprend 
                    lui réussit. Après 
                    la mort de Weimar, le marquis de Saint-Martin reprend Nozeroy, 
                    Château-Vilain et le château de La Chaux. En même temps, don 
                    Antonio Sarmiento de Tolède essaie de reprendre le château de 
                    Joux avec l'aide des troupes du duc de Bourgogne. Cette 
                    tentative est en réalité une manoeuvre destinée à attirer l'ennemi 
                    dans un coin de la province et permettre aux Comtois de faire 
                    ainsi tranquillement les moissons et les vendanges. Ne pouvant 
                    plus supporter le blocus imposé par Sarmiento, Christophe de 
                    Grün est sur le point de capituler quand arrivent les troupes 
                    françaises conduites par le marquis de Villeroy. Comme les moissons 
                    et les vendanges sont terminées, Sarmiento n'insiste pas et 
                    lève le siège du château de Joux. Apprenant que le siège a été 
                    levé, le marquis de Villeroy décide de retourner en France et 
                    de continuer la guerre sur les bords de l'Ain où il a fort à 
                    faire avec les troupes de partisans francs-comtois. Comme 
                    en avril 1639 le Parlement de Dole s'était plaint qu'il n'avait 
                    personne à sa tête, le roi d'Espagne Philippe IV nomme le conseiller 
                    Boyvin président du Parlement. Les autres places vacantes sont 
                    également attribuées et, le 12 novembre 1639, le Parlement de 
                    Dole reprend ses séances ordinaires. Au 
                    cours de cette année 1639, le Parlement de Dole avait mis à 
                    Nozeroy une garnison sous le commandement de M. d'Arnans. Pendant 
                    les trois années qui suivirent cette décision, les hommes de 
                    la garnison se comportent en brigands des grands chemins : ils 
                    volent, déchaussent et déshabillent ceux qu'ils rencontrent, 
                    ils prennent le bétail, ils s'introduisent dans les maisons 
                    et les pillent. Même situation à Grimont, maison forte située 
                    près de Poligny, où les Français rançonnent fortement les personnes 
                    qu'ils font prisonnières. En 
                    Franche-Comté, le plat pays est abandonné, la famine règne dans 
                    les villes de Salins, Dole, Gray, et Besançon. Seuls quelques 
                    convois de blé en provenance de Suisse ou de Savoie parcourent 
                    la province. Chaque jour on espère que la paix est proche. Le 
                    royaume de France connaît alors quelques changements. En effet 
                    Richelieu meurt en décembre 1642, bientôt suivi par Louis XIII 
                    en mai 1643, tandis que commencent les négociations pour la 
                    paix. Par l'intermédiaire de M. de la Pie, fermier des sauneries 
                    de Dole, et avec le consentement du roi d'Espagne, le Parlement 
                    de Dole traite avec la France qui est placée sous la régence 
                    d'Anne d'Autriche puisque le nouveau roi de France Louis XIV 
                    n'a que cinq ans. En 
                    1644, par suite d'un traité particulier conclu avec Mazarin, 
                    le successeur de Richelieu, la France s'engage à faire cesser 
                    les hostilités en Franche-Comté. Moyennant 40 000 écus, la Franche-Comté 
                    rentre dans sa neutralité. L'année 
                    1644 voit donc le terme de la guerre de Dix Ans en Franche-Comté. 
                    Néanmoins la guerre continue en Europe et plus particulièrement 
                    en Allemagne. Mais en 1648, les traités de Westphalie, conclus 
                    à Münster et à Osnabrück entre l'empereur germanique Ferdinand 
                    III, la France et la Suède, mettent fin à la guerre de Trente 
                    Ans dont un épisode est connu en Franche-Comté sous le nom de 
                    guerre de Dix Ans.  CONSÉQUENCES 
                    DE LA GUERRE DE DIX ANSAprès 
                    la guerre de Dix Ans, la situation est apocalyptique. La guerre, 
                    la peste et la famine ont ruinées la Franche-Comté. Villes incendiées, 
                    70 châteaux brûlés, 150 villages qui ont disparu, femmes violées, 
                    vieillards brûlés vifs, des morts par milliers. Toutes l'économie 
                    et la démographie de la Franche-Comté se trouvent bouleversées. 
                    L'agriculture doit repartir à zéro : le bétail est mort, les 
                    labours et les semailles n'ont pas été faits, les paysans sont 
                    partis dans les villes ou à l'étranger. La perte démographique 
                    est également très importante. Le recensement de 1614 donnait 
                    une population voisinant entre 405 000 et 410 000 personnes 
                    ; celui de 1657 indique qu'il y avait environ 215 000 habitants 
                    en Franche-Comté. Une différence de quelque 200 000 personnes 
                    ! On peut estimer que les deux tiers des Comtois sont morts 
                    pendant la période de la guerre de Dix Ans. C'est une dimension 
                    d'épouvante, aussi bien en Franche-Comté qu'en Europe. ____________________________ [1] 
                    La Franche-Comté avait été divisée en circonscriptions judiciaires 
                    et administratives. La création en revient à Philippe le Bel 
                    qui a créé le bailliage d'Amont et le bailliage d'Aval. Le bailliage 
                    d'Amont s'étendait sur le nord de la province : le versant méridional 
                    des Vosges, le plateau de la Haute-Saône et la région de Baume-les-Dames. 
                    Le chef-lieu de bailliage est Vesoul, le centre économique est 
                    Gray. Le bailliage d'Aval comprenait le sud de la province. 
                    Il est plus grand et plus riche. Dole et Poligny sont les villes 
                    importantes. Pontarlier et sa région faisaient partie de ce 
                    bailliage. En 1422, Philippe le Bon créa un troisième bailliage 
                    : le bailliage du Milieu ou de Dole qui provient du démantèlement 
                    du bailliage d'Aval. SOURCES 
                    DOCUMENTAIRES
                    Histoire de la Franche-Comté, publiée sous 
                      la direction de Roland Fiétier.. - Toulouse : Privat, 1977.GIROD (Edouard). - Esquisse de la ville de 
                      Pontarlier. - Pontarlier : Imp. Thomas, 1857.GIRARDOT DE NOZEROY. - Histoire de Dix Ans 
                      de la Franche-Comté de Bourgogne : 1632-1642.Annuaire du Doubs - Années 1847, 1848 et 1864.PETIT-HUGUENIN - Épisode de la vie de Cart-Broumet 
                      Alexis surnommé la Plaque. - Pontarlier : Imp. Thomas.  
                       AUTRE 
                    DOCUMENT (qui n'était pas encore paru 
                      lors de la rédaction de l'article ci-dessus) 
                    LOUIS 
                      (Gérard). - La guerre de Dix Ans : 1634-1644. - Besançon 
                      : Presses universitaires de Franche-Comté, 1998. - 
                      (Annales littéraires de l'Université de Franche-Comté). - 
                      [Prix du Livre Comtois, 1999].  |