PASTORAL, ALE (pa-sto-ral, ra-l'), adj. 
               
        1° Qui appartient aux pasteurs ou bergers. Habit pastoral. Des 
          chants pastoraux. Après Abraham on trouve Isaac son fils, et Jacob son 
          petit-fils, imitateurs de sa foi et de sa simplicité dans la même vie 
          pastorale, BOSSUET Hist. I, 3. Une loi pastorale venue 
          de quelque petit peuple breton, ou portée par quelque peuple germain, 
          MONTESQ. Esp. XVIII, 21. Je vois que tous les poëtes ont eu raison de 
          faire l'éloge de la vie pastorale, que le bonheur attaché aux 
          soins champêtres n'est point une chimère, VOLT. Lett. Mme du Deffant, 
          17 sept. 1759.      
        2° Qui peint la vie champêtre. Poésies pastorales. Le poëme 
          pastoral, dont on prétend qu'il [Daphnis] conçut la première 
          idée, fort perfectionné dans la suite par deux poëtes de Sicile, Stésichore 
          d'Himère et Diomus de Syracuse, BARTHÉL. Anach. ch. 80
          .     Genre pastoral, nom donné aux compositions en vers ou en 
          prose, où l'on fait parler des bergers, dans le langage qui leur est 
          propre. Il y en a [des parties de l'Astrée de d'Urfé] qui sont de la 
          dernière perfection dans le genre pastoral, FONTEN. Disc. sur 
          l'églog
          .     S. m. Terme de littérature. Le pastoral, le genre pastoral. 
          Le pastoral tombe facilement dans la fadeur. Presque tout le 
          pastoral de ces églogues [de Ronsard] consiste à avoir appelé 
          Henri II, Henriot, Charles IX, Carlin, et Catherine de Médicis, Catin ; 
          il est vrai qu'il avoue lui-même qu'il n'a pas suivi les règles, FONTEN. 
          Disc. sur l'églog
          .     S. f. Pastorale, pièce de théâtre dont les personnages 
          sont des bergers et des bergères. Les Italiens, en imitant les tragiques 
          grecs et les comiques latins, ne les égalèrent pas ; mais ils firent 
          de la pastorale un genre nouveau, dans lequel ils n'avaient point 
          de guides et où personne ne les a surpassés, VOLT. Moeurs, 121. Lamotte 
          donna peu de temps après avec Destouches la pastorale d'Issé, 
          qui n'eut pas moins d'applaudissements que l'Europe galante, D'ALEMB. 
          Éloges, Lamotte.
              Petit roman appartenant au même genre. Lisez Daphnis et Chloé, madame, 
          c'est la meilleure pastorale... P. L. COUR. Lett. I, 372.
              Pastorale a signifié assez longtemps comédie. J'ai connu 
          une dame, dit Ségrais, qui ne pouvait s'empêcher d'appeler les comédies 
          des pastorales, longtemps après qu'il n'en était plus question, 
          CLÉMENT et DELAPORTE, Anecdoctes dram. mot Clorise.
              Terme de musique. Une pastorale, morceau de musique instrumentale, 
          dont le chant imite celui des bergers. La pastorale de Beethoven, 
          dite aussi symphonie pastorale.
              Sorte de danse dont l'air est à deux temps, et dans le caractère 
          de la musette, sur des paroles relatives à l'état des bergers, Dict. 
          de danse, 1787.      
        3° Fig. Qui appartient aux pasteurs spirituels. Des discours tenus 
          en chaire ou des écrits pastoraux publiés et distribués. Sa sainteté, 
          jointe à sa vigilance pastorale, est une chose qui ne peut se 
          comprendre, SÉV. 21 sept. 1684.
              Instruction pastorale, se dit de certains ouvrages de religion 
          que les évêques, en qualité de pasteurs spirituels, publient pour l'instruction 
          de leurs diocésains.
              Substantivement. Une pastorale. M. Jean Georges le Franc, 
          évêque du Puy en Velay, dit, dans son immense pastorale aux habitants 
          du Puy.... VOLT. Dict. phil. Superstition.
              S. m. Pastoral, titre d'un ouvrage de saint Grégoire sur 
          les devoirs du pape et des évêques.
              Terme de liturgie. Pastoral, livre où sont contenues les 
          prières, les cérémonies, les fonctions qui tiennent à l'épiscopat.      
        
        4° La pastorale, grosse poire d'automne, assez longue, cendrée 
          et tachée de roux. 
        REMARQUE
          :     L'Académie dit que pastoraux au pluriel n'est pas usité. Faux 
          scrupule ; rien n'empêche d'employer ce pluriel. 
        HISTORIQUE
          :     XVIe s. Ou à dicter quelque chanson ruralle, Pour la chanter en 
          mode pastourale, MAROT, I, 218. Qu'à son regard la Muse pastoralle.... 
          ID. I, 223. Elle [Marguerite, reine de Navarre] composoit souvent des 
          comedies et des moralitez qu'on appelloit en ce temps là des pastorales, 
          qu'elle faisoit jouer et representer par les filles de sa cour, BRANT. 
          Dames ill. p. 308, dans LACURNE. 
        ÉTYMOLOGIE
          :     Lat. pastoralis, de pastor, pasteur.