Frasne

 


L'ARRIVÉE DU TRAIN
À FRASNE EN 1862
En 1862, l'arrivée du train dans le Haut-Doubs

 

Texte extrait de Frasne : Mémoires d'ici. Volume 1, de Michel Renaud >>> .

LES CHEMINS DE FER EN FRANCHE-COMTÉ

La construction de voies ferrées en Franche-Comté a commencé vers le milieu du XIX e siècle : le tronçon Dijon-Dole fut inauguré en 1855, la ligne Dole-Besançon fut ouverte en 1856 et celle de Besançon à Belfort en 1858. À partir de la ligne Dijon-Dole-Besançon, le réseau franc-comtois va ensuite se ramifier.

Comme Besançon n'avait aucune liaison avec la Suisse, une compagnie de chemin de fer, soutenue par le Conseil Général du Doubs et par le conseil municipal de Besançon, fut créée en 1855 dans le but de réaliser deux lignes vers la Suisse, l'une par Pontarlier et Jougne et l'autre par Le Locle (Suisse). Malheureusement, la réussite de ces projets ne pouvait se faire qu'avec l'aide de grandes compagnies nationales, comme la Compagnie de l'Est ou la Compagnie P.L.M. (Paris à Lyon et à la Méditerranée), mais celles-ci n'étaient pas ou peu intéressées par ces projets. Il faudra attendre 1884 pour que soit mise en service la ligne Besançon-Le Locle par Morteau. Quant à la ligne se dirigeant vers Pontarlier, elle se fera… mais en passant par le département du Jura.

La gare de Frasne vers 1904
La gare de Frasne vers 1904

 

LA LIGNE MOUCHARD-PONTARLIER

La ligne transjurassienne en direction de Pontarlier et de la Suisse progresse, dans le département du Jura, de Dole à Mouchard. La ville de Pontarlier, de son côté, est raccordée en 1860 aux Verrières et à Neuchâtel (Suisse) grâce à la Compagnie Franco-Suisse dont l'objectif est de relier la Suisse à Paris en passant par Salins (terminus de la ligne en provenance de Paris). Pour se rendre de Dole en Suisse, il ne reste plus que le tronçon Mouchard-Pontarlier à réaliser. La question du tracé se pose alors : faut-il atteindre Pontarlier en passant par Salins ou par la reculée de la Cuisance ? Un ingénieur du nom de Parandier, qui possède une propriété aux environs des Monts de Mesnay, manœuvre habilement et obtient que le tracé suive les Monts de Mesnay tout en évitant Arbois. Le 1er août 1860, une loi fixe définitivement le tracé actuel de la ligne Mouchard-Pontarlier par Andelot, Boujailles et Frasne. La construction et l'exploitation de la ligne sont confiées à la Compagnie P.L.M. Les travaux entre Mouchard et Pontarlier commencent en novembre 1860 : des gares, des viaducs et des tunnels sont construits le long de cette ligne de 60 km traversant la forêt de La Joux.

L'INAUGURATION DE LA LIGNE MOUCHARD-PONTARLIER

L'inauguration de la ligne a lieu le 6 novembre 1862. Comme trois jours auparavant, la ville de Pontarlier n'avait toujours pas été informée officiellement de cette inauguration, le conseil municipal de cette ville décide alors « qu'il n'y a pas lieu pour la ville de faire de manifestation à l'occasion ».

Le Journal de Pontarlier du 9 novembre 1862 en parlera en ces termes :

« Une lettre assez étendue, où l'on manifeste peu de satisfaction et récrimine avec amertume, nous est adressée au sujet d'une prétendue inauguration du tronçon du chemin de fer qui doit relier le Franco-Suisse à Paris-Lyon-Méditerranée par Pontarlier et Mouchard. - Cette inauguration, nous apprend cette lettre, aurait eu lieu jeudi 6 du courant. Rien d'officiel ne nous est parvenu à cet égard, et nous ne croyons qu'à une promenade faite en Suisse, après l'inauguration du rail-way Jurassien, par quelques invités de la Cie du Paris-Lyon-Méditerranée, qui sont venus assister à l'essai de la nouvelle voie de Mouchard-Pontarlier. - Au-devant d'eux étaient bien venus, de Suisse, par un train spécial pavoisé de drapeaux français et helvétiens. d'autres invités qui les ont sur-le-champ remorqués de l'autre côté de la frontière, où a eu lieu un dîner offert par la Cie et destiné à resserrer, grâce à la circonstance, les liens de bon voisinage.

La ville de Neuchâtel était pavoisée de drapeaux. – La municipalité neuchâteloise a accueilli, par les paroles les plus sympathiques, les administrateurs de la Cie de Paris-Lyon, leurs ingénieurs et leurs hôtes. – La population s'était unie à cette démonstration, et les musiques militaires ont fait retentir de leurs fanfares habiles les alentours de l'hôtel de Bellevue et les jardins de l'hôtel Rougemont, occupé par un cercle dont les membres ont fait à tous un accueil des plus courtois.

Mais ce n'est point encore là une inauguration !

Car qui jamais comprendrait l'inauguration d'un chemin de fer tout français par une fête en Suisse !

S'il en était ainsi, nous partagerions la juste susceptibilité de notre correspondant, en regrettant que notre ville n'ait pas eu à témoigner publiquement sa satisfaction de voir, par un chemin de fer qui la relie avec Salins, se réaliser un de ses vœux les plus chers, et de protester de ses bons sentiments de cordialité avec ses voisins les habitants du canton de Neuchâtel ».

Une semaine plus tard, le Journal de Pontarlier reviendra sur cette « inauguration » en publiant un article paru dans le Courrier de Neuchâtel et dans lequel il est confirmé que l'ouverture du tronçon Pontarlier-Mouchard n'a été annoncée officiellement « à aucun des journaux du Pays ». Enfin, dans son édition du 23 novembre 1862, le Journal de Pontarlier donnera les horaires de la ligne (trois trains assurent alors la liaison Dole-Pontarlier et vice versa) tandis qu'un article de Félix Nouette-Delorme fera l'éloge de cette « nouvelle route de Paris à Berne et de Paris à Milan » et abordera la question du percement du tunnel du Simplon.


Le chargement des bois en gare de Frasne evers 1903
Une des premières cartes postales anciennes de Frasne :
Le chargement des bois en 1903


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